L’érosion

L’érosion aux Îles-de-la-Madeleine

En première loge des changements climatiques avec des ouragans de plus en plus fréquents tels que Dorian (2019) et Fiona (2022), les Îles-de-la-Madeleine sont frappées de plein fouet par les vents et les marées d’une intensité grandissante. Ces catastrophes environnementales, combinées à la disparition des glaces dans le golfe du Saint-Laurent, à l’élévation du niveau de la mer ainsi qu’à l’augmentation de la hauteur des vagues, causent une perte de territoire exponentielle sur l’archipel madelinot. 

Les 12 000 mesures récoltées depuis 2005 par le Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) démontrent que les berges des Îles-de-la-Madeleine ont reculés de près de 8,5 mètres depuis 2005 en raison de l’érosion qui les affecte. En effet, leurs travaux démontrent une perte annuelle moyenne de 0,5 mètre entre 2004 et 2016, qui augmente à 0,6 mètre à partir de 2016. Leurs analyses prévoient d’ailleurs que, de 2008 à 2050, une valeur en infrastructures de plus de 30 millions de dollars serait à risque, et ce, uniquement sur l’archipel.

L’érosion à plus grande échelle

Un rapport de la commissaire au développement durable du Québec sorti en avril 2023 émet comme constat que plus de 5 000 bâtiments et 300 km de route sur le territoire québécois seraient menacés d’ici 2065 pour un coût d’inaction de 1,5 milliard de dollars. La commissaire Lambert y indique également que : « dans ce cas bien précis, chaque dollar bien investi en adaptation, en prévention, permet d’économiser 13 à 15 dollars de frais pour corriger les conséquences subies ».

Le centre de recherche mandaté par la Commission européenne prévoit quant à lui que l’érosion côtière pourrait causer un recul mondial atteignant les 36 000 km d’ici 30 ans et surpasser les 95 000 km avant la fin du siècle. À cela, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que, combiné à l’élévation du niveau de la mer, ces pertes pourraient dépasser les 130 000 km.

Cette menace commune a toutefois motivé des travaux de recherche et d’expérimentation partout dans le monde. Certaines de ces études ont notamment mis de l’avant l’utilité des plantes indigènes dans l’absorption de l’énergie des vagues et du vent. Ces résultats prometteurs ont d’ailleurs mis l’utilisation de végétaux au premier plan de plusieurs stratégies de gestion côtière allant de l’Amérique du Nord jusqu’à l’Australie. Parmi ces pays, certains ont récemment remis l’accent sur l’importance d’utiliser des techniques de génie végétal et des méthodes non structurelles dans les politiques de protection contre l’érosion, celles-ci étant efficaces et peu polluantes.

« Plus de 5 000 bâtiments et 300 km de route sur le territoire québécois seraient menacés d’ici 2065 pour un coût d’inaction de 1,5 milliard de dollars. » - Commissaire au développement durable, 2023